vendredi 25 décembre 2009

Laissons la générosité sous le sapin.

Je viens de tomber par hasard sur la liste des intervenants de la prochaine convention "TED", quelque part en Fevrier 2010. Pour ceux qui ne connaissent pas => ted.com (et je vous conseille l'intervention de Philippe Starck, c'est très drôle).

Je note d'abord la participation de Jamie Oliver, le seul anglais qui puisse me donner envie de cuisiner, et je ne sais pas trop de quoi il va parler, la malnutrition dans les pays developpés peut-être, ou encore l'alcoolisme chez les britanniques. À moins que la convention ne l'oblige à ne pas enfoncer des portes (grandes) ouvertes.

Et Bill Gates. Qui est Bill Gates? Le fondateur de Microsoft, me dis-je. Mais je ne suis plus à la page apparement, puisque sur la liste des participants, Bill porte le titre honorifique de "Philantropist".

Après tout, pourquoi pas: quand on a autant de qualités que le bonhomme, on peut prétendre révolutionner le monde 2 fois dans une meme vie en restant tout à fait honnête avec les autres et lucide sur ses propres capacités.  Microsoft aura été sa première révolution, quant à son goût pour l'Homme, s'il est acquis, la démarche est en cours. (et peut-elle toucher à une fin? N'est ce pas là une histoire sans fin, sans le dragon blanc certes) 

Mais "philanthrope", le mot me parait un peu biaisé. La philanthropie est un devoir: chacun se doit d'aimer l'Homme, dire l'inverse n'est que provocation, et agir à l'inverse vaut prison ou internement à l'asile... Et Bill Gates avait-t-il le devoir de créer sa fondation pour venir apporter son aide? Non. Il avait par contre le droit d'etre généreux, il ne s'en est pas privé. 

Pour faire bref, Générosité = droit individuel et Philanthropie = devoir collectif.
 
Je désignerais donc Gates comme un "généreux activiste" - histoire aussi de redorer le blason du mot "activiste", souvent employé pour désigner négativement un dissident à l'ordre public. Alors on va me dire que je joue sur les mots, que l'essentiel reste le résultat:

800,000 enfants succombaient de la rougeole chaque année - Et depuis que la fondation Gates en a fait un de ses combats,  le chiffre a été divisé par 4.

Well done Bill! On est tous d'accord. Mais ce résultat repose sur la chance que nous tous avons eu que ce génie ait gardé le (bon) goût pour sa propre espèce, alors même que celle-ci tend à se dégouter elle-même, et surtout que ses milliards et son carnet d'adresses ouvraient à Gates le chemin vers des vies au combien plus drôles et oisives.  

Et que se serait-il passé si Gates avait préféré se batir un parc d'attraction, ou bien avait un goût prononcé pour l'art contemporain? La rougeole continuerait à tuer 800,000 nouveaux nés. Heureusement, la passion qui le dévore, c'est l'Homme, alors il en sauve (paradoxalement). 

Le problème est là: ces questions sont trop sérieuses pour se risquer à les résoudre par chance, en les laissant aux associations.

Je veux aussi citer les 2 exemples français ultra mediatisés que sont le Sidaction et le Téléthon - pas de jaloux, ni de polémiques - qui recoltent une large part des dons en France. Là aussi, de généreux organisateurs font appel à de généreux donateurs, qui se substituent individuellement à la volonté collective de solutionner un problème donné.

Santé, précarité, et maintenant environnement, sont tous des problèmes de fond (la carence en philanthropie) que nous tentons de résoudre par la forme (la générosité).

Ce n'est pas la générosité - ni le bénévolat, ni le don financier - qui vont nous permettre d'avancer, il va falloir s'en rendre compte, et vite.  

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