Fight club

Tout a changé je crois. Elle est loin l'époque où tout le monde m'aimait bien. Pas chiant, pas égocentrique, pas bavard, un peu froid mais le mec qui t'écoute et qu'il est bon d'avoir comme ami.

Aujourd'hui, ça a changé, c'est plus pareil du tout, comme si j'étais un autre homme. Pas chiant, pas égocentrique, pas bavard, un peu froid mais le mec qui t'écoute et avec qui il est bon de se prendre la tête.

Regarde, ce soir, au café: les coudes sur le bar, en train de hocher de la tête au rythme du set du dj, je fais chier personne. Sauf le mec bourré assis à côté, à qui je n'ai pas jeté un regard, pas adressé la parole une seule fois. Le café est plein, mais c'est seulement moi qui l'énerve. C'est comme ça et pas autrement. C'est sûrement intimement lié à l'éducation protestante et le concept du martyr. J'y peux rien, je dois souffrir, sans les clous mais avec un verre de rhum planteur à la main.

J'avais déjà décelé les prémisses de ce changement il y a quelques années. A chaque fois que je prenais les transports en commun, que ce soit bus, métro ou train, le relou du wagon était pour moi. Le clochard qui me démonte la société en pièce, le bourré qui m'insulte, la black qui se colle à moi dans la rame de métro... celle là je l'avais oubliée tiens. Mais va donc voir à la fourche si j'y suis - dédicace à la ligne 13.

Mais maintenant, ces conflits sont partout, même au boulot. Ma chef a développé sa propre théorie: "Tu es quelqu'un dont on ne sait rien finalement. C'est pour ça qu'on parle beaucoup de toi quand tu n'es pas là: certains deviennent fans, d'autres se sentent piégés et réagissent en te sabrant à tout-va. Et comme ils ont l'impression que tu t'en fous, ils en font des tonnes. Et en vérité, tu t'en fous ou pas?" Psychologie de comptoir ou psychanalyse profonde...

Enfin bref, quitte à faire un billet sans queue ni tête, j'ai envie de finir en disant que je suis sûr d'être le même, mais c'est plus pareil. Comme c'est bizarre.