La Championne de chez Champion

J'arrive à la caisse et je dépose mes affaires sur ce tapis noir, sale et qui roule. Je regarde la caissière: 45 ans, les cheveux plutôt courts et un peu déstructurés derrière (Valentine, quand tu nous tiens...) et quelques mèches, rouges, évidemment. Ça fait très corporate en plus puisque j'étais chez Champion.

Elle porte les stigmates de la caissière: un chemisier maison trop cintré pour ses formes généreuses, le badge "Martine est ravie de pouvoir vous aider" de travers, un dos voûté à force de pousser les packs d'eau en restant assise, des ongles cassés par la manipulation des articles. Et puis sinon, elle est grosse et moche.

Trêve d'analyse corporelle, il est temps de faire preuve d'éducation: "Bonjour Madame" lui dis-je en retirant une oreillette de mon iPod.

Elle scanne les codes-barres(?) lorsqu'une nouvelle chanson commence... C'est Justin Timberlake.

Damn girl, damn girl, damn girl, damn.


Tiens, c'est un peu décalé par rapport à la situation ça...


Don't need no Maybelline
Cause you're a beauty queen
Don't need no L'Oreal
Cause bitch you're bad as hell


Complètement décalé oui.


If I'm a Casanova?
Then you're a supernova


"22 euros 30. Vous avez la carte Champion?"... Après cette chanson, j'aurais presque vu une virgule dans sa phrase, ça aurait donné: "22 euros 30. Vous avez la carte, champion?"

Bon bon, je vais payer et me casser vite fait hein.


Girl it's what you do to me
It's got me saying
Damn girl...... you're so fine
The way you let me put it down, girl
Blows my mind


Arf, le décalage complet. La prochaine fois, je vous parle de l'obèse-combien-tu-pèses que j'aurai rencontré en écoutant "I bet you look good on the dancefloor".