"Banlieue 13 n'est qu'un film candide, au scénario inexistant, prétexte à enchainer des cascades."
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Viens gamin(e), tiens la main de Papa, il a vu le film et il va t'expliquer que Banlieue 13, c'est que du bonheur.
J'ai maté un film d'anticipation.
Résumer Banlieue 13 à une succession de cascades relèverait de l'évidence puisque c'est dans ce sens que vont 99% des critiques cinéma. Pourtant, ce film me paraît construit : le réalisateur se base sur un constat actuel - "ma 6T va crack-er" - pour développer dans son long-métrage sa propre vision des choses et ce qu'il peut selon lui se dérouler dans un futur proche (2010 je crois - ouahou c'est déjà demain!).
En l'occurence, ca tourne plutôt mal, les cités deviennent de vrais getthos - eh!oh! - enclavés entre des murs auréolés de barbelés, et où la police ne fait plus régner l'ordre public. Une zone de non-droit pour reprendre un terme "politicien", je préfère dans ce cas le concept de "banlieue intramuros".
(constat + analyse) * projection pessimiste = film d'anticipation
Et "film d'anticipation", c'est plutôt la classe et ca relègue le qualificatif de "film de cascades" très très loin... A croire que les critiques de cinéma ont préféré mettre de côté leur esprit affûté pour essayer de suivre les acteurs/cascadeurs de ce film: emprunter le chemin le plus court, à n'importe quel prix, en sautant de balcons en gouttières. Sauf que ce n'est pas leur métier de prendre des raccourcis.
T'as pas anticipé bonhomme. La morale
Un "film pour racaille" j'ai entendu dire... Haro! Ceux qui disent ça n'ont pas regardé Banlieue 13 jusqu'à la fin. Scarface est un film de racaille par exemple => aucune morale, ça parle de respect à tout bout de chant - "Montre moi du respect", "Respecte ma soeur" - bla bla bla. Bon et puis la B.O. de Giorgio Moroder, faut vraiment aimer les Nike Air Requin pour pouvoir l'apprécier de nos jours. Ici, Banlieue 13 préfère jouer dans le registre de la morale. Et ça fait du bien. C'est vrai, quand on évoque les banlieues, on parle police, drogue, gangs, règlements de compte, barres de fer et ça se termine mal.
Dans Banlieue 13, on prend les mêmes et c'est le juste qui l'emporte. "Trop candide!" diront les critiques. Oui, les histoires qui se terminent bien sont souvent naïves. On souhaite aux critiques que leur(s) histoire(s) se termine(nt) bien.
J'ai revisité Marx grâce à Banlieue 13
En y regardant de plus près, Banlieue 13 revisite la lutte des classes de Marx. Celui-ci y décrivait (et je vais être bref car je n'y connais pas grand chose) l'opposition entre Bourgeoisie et Prolétariat comme notre moteur social, celui qui nous permettait d'évoluer et d'écrire l'Histoire.
Or les termes "bourgeoisie" et "prolétariat" sont un peu datés et l'apparition de la classe moyenne fout le bordel dans le concept originel, alors Banlieue 13 propose comme une mise à jour de la théorie de Marx : la lutte des classes, c'est l'opposition des marcels aux chemises. Contrefacon Calvin Klein vs Pli droit sur les manches. Eh ouais, regardez bien, les héros sont en marcel, même le flic. Ce film est un peu la révolution 2.0 de Karl Marx.
J'espère que Banlieue 13 Ultimatum poursuivra cette analyse là où le premier volet s'arrête, en abordant le thème du "marcel sous la chemise" : il me laisse perplexe mais doit renfermer beaucoup plus de secrets qu'on ne le croit sur nos sociétés actuelles.Enchanté, moi c'est Marcel.